Musée du Pays rabastinois: Exposition temporaire autour de 4 artistes femmes du rabastinois

C’est avec un certain plaisir que je suis revenu au Musée du Pays Rabastinois après quelques années (la dernière fois avait un but bien précis puisque je voulais voir la Vierge de Ladin qui est conservée dans la pièce dédiée à l’art religieux pour mon article sur la déformation crânienne toulousaine sur ce blog).

Mon retour au musée était motivé encore une fois par mon intérêt pour les vêtement portés au XIXème siècles par les paysans de la région. Plusieurs tableaux exposés allait, comme nous allons le voir par la suite, être très intéressants. Ce musée, comme beaucoup de musée de petites villes est assez éclectique et c’est aussi ce qui fait son charme! On y trouve de tout, des tableaux et des statues bien sûr, mais également des poteries, des maquettes, de la céramique, des bijoux, des artéfacts préhistoriques et même de la broderie!!! Il y en a donc pour tous les goûts. Voici un résumé en image avec quelques précisions de notre visite qui a durée plus de 2 h quand même! Donc petit musée, mais énormément de choses à voir et à admirer!

La salle 1 est consacrée à la poterie en terre cuite vernissée fabriquée à Giroussens. Ces poteries ont connues leurs heures de gloire aux XVII et XVIIIème siècles au point de se retrouver sur la table de Louis XIV à Versailles. L’arrivée aux siècles suivants de la faïence, de la porcelaine et de l’argenterie a signé l’arrêt de la production des poteries de Giroussens de manière définitive au XIXème siècles. Ce n’est que depuis quelques années que de nouveaux artistes se sont installés à Giroussens pour faire revivre cette tradition en la modernisant bien sûr. A l’époque, les couleurs utilisées pour décorer la vaisselle étaient le jaune, le bleu, le vert et le violet. Le musée possède actuellement près de 150 pièces et pas seulement des plats, on trouve également d’autres objets comme des chauffe-plats.

La salle 2 est consacrée aux maquettes de Charpentes crées par le compagnon charpentier Roger Bellegarde. On y trouve entre autre son « Chef d’œuvre » ainsi que plusieurs maquettes avec des escaliers en colimaçon avec un très beau travail de marqueterie au niveau de chaque étage. On trouve également un certain nombre de maquette de dômes. Toutes aussi légères et aériennes. Très original, à ne pas manquer!

La troisième salle est consacrée à Luce Boyals et son époux George Gaudion. Luce Boyals, dans sa jeunesse a peint beaucoup de portraits de gens de la campagne environnante, c’est en partie pour ces œuvres que je suis venu aujourd’hui à Rabastens. Son style a bien sûr évolué et on peut suivre cette évolution avec les peintures présentées dans l’escalier et également celles présentées dans la salle 8. On peut voir sur le tableau ci-contre le chapeau de paille traditionnel porté sur le moucadou que nous portons au Quadrille Occitan. Il en est de même pour le tableau ci-dessous ou les tenues sont encore plus détaillées. Plus tard, elle s’est plutôt orienté sur le travail autour des nus féminins. Les tableaux présentés sont très beaux, j’ai particulièrement apprécié les 2 tableaux mis en regard du même modèle, d’abord le nu, puis un portrait du modèle.

La salle suivante est consacrée à la peintre et lithographe Jane Atché qui a réalisé un certain nombre d’affiches publicitaires (notamment pour les cigarettes JOB). Le style Art Nouveau qui caractérise certaines de ces œuvres nous a beaucoup plu, notamment dans le détails des décors comme des vêtements. Il est intéressant de voir comment un même dessin s’adapte à plusieurs supports papier (carte, menus, …) ou d’autres matières comme le bois. Sur toute la collection présentée un dessin a particulièrement attiré mon attention par son côté intime et atypique: le dessin « maternité » qui montre une femme en train d’allaiter son bébé.

Dans l’escalier permettant de se rentre au 1er étage, on retrouve toute une série de peinture de plusieurs peintre dont Luce Boyals et Paul Prouho. On y voit en majorité des scènes et des portraits de paysans (la vendeuse de violette est particulièrement inspirante pour notre costume de danse! le portrait de la femme avec la coiffe est également très instructif et les détails de la coiffe particulièrement fournis!) ainsi que des paysages de Rabastens aux lumières magnifiques. M’étant plus focalisé sur les vêtements, je n’ai pas pris de vue des paysages que je vous engage à aller admirer!

Au niveau de l’escalier on trouve également plusieurs vitrines contenant pour la 1ère une collection de faïence Gélade dont la blancheur et la finesse de réalisation tranche complètement avec les poteries de Giroussens, on est dans un autre siècle. Dans un autre vitrine on a un ensemble de modèles d’épreuves et de médailles (notamment de la monnaie de Paris) créés par la rabastinoise Mireille Lobligeois.

Nous sommes allé ensuite dans la salle 7 consacrée à la peintre Marguerite de Toulza dite Jeanne Bôle. Comme beaucoup d’artistes, elle fut très appréciée aux Etat-Unis qui trouvaient ses œuvres « so frenchy ». Pourtant, ce n’était pas que cela car sa technique est particulièrement aboutie et sa maitrise des drapés est excellente comme on peut le voir sur le tableau de la femme avec les 2 colombes ou elle joue avec la transparence du haut de la robe. Son style de peinture qui continue à faire vivre des personnages avec des vêtements « à la Pompadour » deviennent un peu démodés à son époque qui voit alors triompher l’impressionnisme.

Nous avons ensuite enchainé avec la salle consacré à l’archéologie ou nous avons pu voir des objets et des reconstitutions allant de la préhistoire avec de très nombreux silex taillés et polis (impressionnante hache du Néolithique), après un passage à l’age du fer, il y a plusieurs objets venant de la villa Gallo-romaine de Las Peyras dont une très grande mosaïque (initialement localisée au sol) et des lampes à huile.

Nous avons ensuite été à la salle 6 consacrée à l’art sacré. J’ai été une nouvelle fois complètement subjugué par la pietà du XVIème siècles due à un artiste local anonyme. Il se dégage de cette sculpture une émotion qui contrebalance complètement la l’impression de la grossièreté des trait. Comme on pourrait le dire, elle a été taillée à la hache (les épines de la couronne sont des clous) et pourtant quelle émotion!!!

Les autres pièces sont également très intéressantes, j’ai retrouvé avec plaisir ma belle vierge de Ladin au crâne déformé. Le saint Jacque en bois dont la polychromie est dans un état miraculeux!!! Nous avons aussi passé pas mal de temps à admirer les objets liturgiques dont un très beau reliquaire à l’épine de la couronne du Christ.

Nous sommes ensuite monté au 2ème étage pour aller admirer les œuvres du peintre céramiste Giovanni Leonardi. Nous avons bien aimé cette salle de part le lien qui unissait un bon nombre d’œuvres avec la mythologie grecque que nous affectionnons tous dans la famille (La naissance de Vénus ci-contre). Au niveau des céramiques, cette thématique est également très présente, mais les reflets dans les vitrines m’ont empêché de prendre des visuels de céramiques assez expressives comme Prométhée et l’aigle lui dévorant le foie, Pégase ou Zeus enlevant Europe. On reconnait dans ces peintures le style du début du XXème siècle avec en tête Picasso qu’il a côtoyé à Paris.

Nous avons ensuite poursuivi la visite par la salle consacré au peintre rabastinois Joseph-Marie Boissière. Son travail autour des paysages et de la captation de la lumière chère aux impressionnistes est très intéressant. Nous avons beaucoup aimé cette salle avec ces scènes de vie locale comme la scène du foulage du raisin (ci-contre) ou les scènes de bain dans la forêt. On retrouve également quelques portraits de militaires qui rappelle son engagement lors de la 1ère guerre mondiale en tant que poilu.

Nous avons terminé la visite par la salle consacré à René Bégué dit Rébé, célèbre pour les broderies qu’il a réalisé avec l’aide de sa femme Andrée Pichard, pour les plus grand couturiers du siècle dernier: Dior, Saint-Laurent ou encore Guivenchy. Avec ces échantillons de broderies, il a donné au Musée une très belle collection de Camés et de pierres fines intaillées fabriquées par son père. Il faut les voir car certaines sont vraiment d’une grande finesse que les photos ne sauraient sublimer.

Nous avons donc passé plus de 2h à arpenté ce petit Musée mais qui contient une quantité d’œuvres et d’objets qui peuvent se révéler très surprenants et magnifiques. C’est vraiment un petit bijou à voir d’autant plus que Rabastens possède également plusieurs bâtiments qui méritent aussi d’aller y faire un tour. L’église Notre Dame du Bourg qui est encore en cours de rénovation sera après sa restauration complète un bijou de l’art religieux occitan à ne pas manquer… J’y retournerai donc dans quelques mois sans nul doute!

L’exposition sur ces artistes féminines rabastinoises dure jusqu’au 29 octobre. Ci-dessous le lien vers le site du musée pour avoir plus d’informations. Pour les plus de 16 ans, l’entrée est à seulement 2.5 euros… A ce prix là, on peut s’y rendre sans vraiment se poser de question!!!

https://www.rabastens.fr/musee-pays-rabastinois

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